Doctorant en histoire du Moyen Âge
Cotutelle avec l'Université de Varsovie
Marcin.Kurdyka@univ-smb.fr
► Soutenance le 14 novembre 2025 à 14h00
Adresse de la soutenance : Bâtiment 20 Domaine universitaire Jacob Bellecombette 20 route de la Cascade BP 1104 73011 Chambéry cedex - 20020
Équipe de recherche :
Axe 1 : Héritages, milieux, médiations
Thématique 1 : Conflits et échanges culturels en Europe, Méditerranée, Italie
Titre de la thèse : L'invention d'une Europe slave médiévale. Les Slaves dans l'historiographie de la Pologne, de la Bohême et de la Rus' jusqu'à la fin du XIVe siècle.
The invention of a Medieval Slavic Europe. Slavs in the Historiography of Poland, Bohemia and Rus' up to the end of the 14th century.
Mots-clés : Pologne, Moyen-Age, Bohême, Historiographie, Rus', Slave
Rus', Medieval, Bohemia, Poland, Historiography, Slavic
Directeur de thèse : Laurent RIPART (LLSETI) et Paweł Żmudzki (Université de Varsovie).
Résumé du projet de thèse : Les Slaves sont généralement considérés comme une communauté linguistique, dont l’existence a pu être exploitée à des fins politiques au XIXe et au XXe siècle. Pourtant, si l’on s’en réfère aux témoignages médiévaux, le terme de « Slaves » pouvait avoir de multiples acceptions. Les plus anciennes sources présentent les Slaves comme une masse barbare, incapable de s’organiser politiquement ou militairement. Avec la christianisation, les populations païennes restent désignées comme Slaves, tandis que les nouveaux « peuples » (gentes) apparaissent sous leur propre ethnonyme, sans qu’un caractère slave soit nécessairement souligné. Au haut Moyen Âge, les auteurs considéraient ainsi que les Slaves formaient une souche commune (genus), qui s’opposait à l’existence des gentes, comprises ici comme des communautés politiques qui ne s’identifiaient pas comme slaves. Cette identification n’apparaît vraiment que dans la Rus’ du début du XIIe siècle, où les Slaves deviennent une communauté de même langue et de même foi, dans la lignée de l’héritage cyrillo-méthodien. Le vaste récit d’origine des Slaves du Récit des temps passés n’a pas d’équivalent dans l’Europe latine avant le XIVe siècle. Auparavant, la propagande politique des derniers Přemyslides n’avait donné naissance qu’à quelques documents où l’argument d’une connivence slave des Tchèques et des Polonais découlait avant tout de l’opinion de fins lettrés, qui portait un regard extérieur sur ces communautés. Le XIVe siècle assoit véritablement la slavité des Tchèques et des Polonais par la rédaction de récits d’origine où les traditions nationales s’entremêlent avec une culture latine européenne, créant ainsi une mémoire commune du passé slave. L’idée slave fut donc bien une idée médiévale, mais selon une chronologie et des modalités différentes entre la partie slavonne et la partie latine du monde slave.
Résumé du projet de thèse en anglais: The Slavs are generally considered to be a linguistic community, whose existence was exploited for political purposes in the 19th and 20th centuries. However, according to medieval accounts, the term “Slavs” could have multiple meanings. The oldest sources present the Slavs as a barbarian mass, incapable of organizing themselves politically or militarily. With Christianization, pagan populations continued to be referred to as Slavs, while the new “peoples” (gentes) appeared under their own ethnonyms, without necessarily emphasizing their Slavic character. In the early Middle Ages, authors thus considered the Slavs to form a common stock (genus), which contrasted with the existence of gentes, understood here as political communities that did not identify as Slavic. This identification only really appeared in Rus' at the beginning of the 12th century, when the Slavs became a community of the same language and faith, in the wake of the Cyrillo-Methodian legacy. The vast account of the origins of the Slavs in the Tale of Bygone Years had no equivalent in Latin Europe before the 14th century. Previously, the political propaganda of the last Přemyslids had given rise to only a few documents in which the argument of a Slavic connection between the Czechs and Poles stemmed primarily from the opinion of learned scholars, who viewed these communities from the outside. The 14th century truly established the Slavic identity of the Czechs and Poles through the writing of origin stories in which national traditions intertwined with European Latin culture, thus creating a common memory of the Slavic past. The Slavic idea was therefore indeed a medieval idea, but with a different chronology and different modalities between the Slavonic and Latin parts of the Slavic world.