Doctorant en histoire médiévale
Cotutelle avec l'Université de Turin (Italie)
Alexandre.Parent@etu.univ-savoie.fr
Direction de thèse : Laurent RIPART (USMB) et Laura GAFFURI (UNITO)
Intitulé : Le bullaire de Félix V (1439-1449), un outil d’hybridation des pouvoirs au milieu du XVe siècle
The bullary of Felix V (1439-1449), an instrument for the hybridization of powers in the mid-15th century
Mots clés : Savoie, Moyen Âge, Papauté, Schisme
Résumé : Le 6 décembre 1440, le pape Félix V profita de la fête de l’immaculée conception pour adresser une bulle à l’ensemble des fidèles dans laquelle il rappela les attendus de la mission pour laquelle il a été élu un an auparavant : réformer l’Église et les mœurs, ramener la paix entre les princes et la concorde entre les peuples. Il y fait également mention des calamités qui touchent alors l’Église elle-même qui sont pour lui cause de souffrance. Ce constat personnel est révélateur des difficultés que connaît la papauté du XVe siècle confrontée à une multitude d’identités locales - royaumes, principautés, cités - qui l’entraîne dans une succession de crises institutionnelles sur fond de projets réformateurs, dont Félix V fut en partie responsable.
Effectivement, le concile de Bâle (1431-1449) a été régulièrement évoqué par les historiens comme le paroxysme de la lutte entre conciliarisme et monarchie pontificale. Le temps fort restant la déposition du pape Eugène IV par les pères de Bâle et leur tentative de rassembler la Chrétienté autour de leur cause. Dans les faits, la lutte s’acheva par la victoire du pape romain après l’isolation progressive du concile. Néanmoins, si les débats entre le concile et la papauté romaine sont bien connus et ont bénéficié de travaux de qualité, un élément du schisme reste dans notre angle mort : le pape Félix V. En effet, après la déposition d’Eugène IV, les Bâlois désignèrent un nouveau pape en la personne du duc Amédée VIII de Savoie. Un choix original car il demeure jusqu’à aujourd’hui le seul prince laïc ayant obtenu la tiare. Les travaux universitaires français, italiens et suisses de ces dernières années ont souligné la personnalité du duc et ses efforts pour unifier les États de Savoie. Mais dans un contexte marqué par la tendance de nombreuses principautés à gagner en indépendance, Amédée VIII-Félix V se démarque par l’obtention du pontificat qui donna naissance à une conception unique du pouvoir mêlant temporel et spirituel: une conception atypique mélangeant les symboles pontificaux et savoyards qu’U. Gießmann qualifia de « savoyardisation » de la papauté dans le contexte du couronnement.
Pourtant, s’il existe des exemples d’études démontrant le renforcement de la souveraineté de la maison de Savoie au XVe siècle notamment dans la géographie religieuse et l’art, aucune n’a à ce jour été consacrée à la construction de ce pouvoir hybride par Félix V : un prince laïc devenu pape. Nous disposons pourtant d’une source pouvant servir de porte d’entrée pour l’étudier en détail : le bullaire de Félix V conservé aux Archives d’état de Turin. Un document complet en huit registres regroupant plus de 3000 bulles éditées entre 1440 et 1449. Des textes qui témoignent de l’activité du pape et de l’évolution de sa politique en dix années de pontificat. Cette source est un moyen de mesurer ce qui relève de la politique pontificale traditionnelle et d’en distinguer celle d’un prince des États de Savoie. Plus largement, le bullaire permet de mieux comprendre la construction dans le temps et l’espace de ce pouvoir hybride hors du commun. L’issue du pontificat de Félix V laisse d’ailleurs entrevoir un mélange durable car l’ancien pape put conserver un pouvoir quasi-pontifical dans ses États bien que forcé d’abdiquer. Cette thèse de doctorat propose d’interroger la construction originale du pouvoir de ce prince devenu pape en étudiant son pontificat à partir du bullaire afin d’évaluer toutes les nuances de cette hybridation.
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