Présentation d'Azucena Macho Vargas

L'idée d'exil est normalement liée à celle de patrie, de protection, d'appartenance. Lorsque ces ancrages n'existent pas car le sentiment d'étrangeté l'emporte sur celui de l'identité partagée qui nous rattache à un groupe, l'individu prend conscience de son exil intérieur car son altérité le sépare du groupe.
Albert Memmi, dans ses romans autofictionnels, Agar, La statue de sel et le Scorpion, recrée les expériences de ses différents alter-ego, rongés par un exil intérieur où ils se trouvent ballotés entre deux mondes. Tout exil, par définition, est accompagné d'une acculturation puisqu'il entraîne la rupture avec les origines, la remise en question de l'identité et la difficulté de s'intégrer dans une nouvelle communauté. Or, les héros memmiens subissent ce même processus, faisant l'expérience de l'altérité et de la perte de repères mais sans avoir quitté leur pays natal. De ce fait, pour certains le départ devient la seule issue possible ce qui les accule à vivre un nouvel exil.

Présentation de Sarah Voke

Le thème de l'exil occupe une place centrale dans l'œuvre de Meena Alexander (1951 – 2018). Exilée de son pays natal, de son corps, de sa langue maternelle, et en tant que femme, elle exprime les sentiments d’être déracinée, marginalisée et isolée. Mon propos sera d’explorer ses différentes formes d’exil, ainsi que son cheminement poétique et politique vers une habitation possible du monde. Son inscription dans des courants féministes, et le sentiment d’appartenance qui en découle, ont fortement contribué à son émancipation et à son enracinement si nécessaire après des expériences exiliques. Plus précisément, il s’agira de mettre en lumière le rôle particulier qu’ont joué les travaux d’Adrienne Rich et Audre Lorde, qui, elles aussi, ont ressenti une forme d’exil intérieur à laquelle elles ont répondu en développant un féminisme qui repose sur une pensée et une pratique de la sororité.

Séminaire Exils