Au siècle des Lumières, entre les Cévennes et les Pyrénées, le bas Languedoc fait figure de haut-lieu de l’herborisation à l’échelle européenne. Le grand maître suédois, Linné, va jusqu’à évoquer un « paradis » pour le botaniste dans sa correspondance. Par-delà des aménités végétales et environnementales indéniables, cette réputation est surtout indissociable du statut de Montpellier comme pôle universitaire majeur, où s’est développé depuis la Renaissance une influente école botanique adossée à l’université de médecine. Intégrés à l’Europe linéenne, les botanistes montpelliérains du XVIIIe siècle cultivent un fort esprit de corps et de territorialité. Cette communication visera à montrer que les sentiments d’appartenance de ces savants s’enchevêtrent finement avec la manière dont ils pensent la répartition végétale sur la surface du globe. Ainsi, les expériences sociales et incorporées des botanistes sont primordiales pour comprendre la façon dont ils considèrent, souvent implicitement, la césure ou dichotomie entre plantes indigènes et plantes exotiques, ou encore les liens entre climat, qualité des sols et végétation. La figure de Pierre-Joseph Amoreux (1741-1824), qui véhicule dans ses écrits l’idée d’une « patrie des plantes », servira à réfléchir à des productions et à des pratiques savantes antérieures à la formalisation d’une « géographie botanique », associée traditionnellement par l’histoire des idées à Humboldt et de Candolle au début du XIXe siècle.

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Image : Jean-Marie Amelin (1785-1858), Au jardin de botanique, croquis au crayon de bois du 19 février 1822, retouché le 3 février 1837, Médiathèque centrale Émile Zola - Bibliothèque municipale de Montpellier.