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Séminaire Discours & Société

29 mars 2024 - 14h-16h
Université Paris Cité, salle des thèses, bâtiment Jacob
et en ligne :
sur Zoom (via ce lien)

Se mettre à l'index.
Les pratiques de catégorisation et d'indexage dans les archives politiques, entre infrastructures informationnelles et pratiques discursives

Julie Abbou
, université de Turin
 
Le séminaire est co-organisé par Emilie Née (Ceditec, UPEC), Noémie Marginier (CLESTHIA, U. Paris III-Sorbonne Nouvelle), Maude Vadot (LLSETI, USMB), Marie Veniard (EDA, Univ. Paris Cité) et Loïse Bilat (IDIS, HEP de Fribourg).
 

Présentation

La catégorisation est une activité langagière permanente et primordiale. Dans cette présentation, je me concentrerai sur une pratique de catégorisation spécifique : l’archivage, dans les cultures politiques de la marge. Les pratiques militantes d’archive, qu’elles soient queer, féministes ou anarchistes, se développent actuellement fortement dans le sillage du tournant archivistique amorcée dans les années 2000. Les raisons pour cela sont nombreuses : prise en charge de la mémoire des luttes, échappée à l’institutionnalisation, resignification des pratiques passées et présentes, etc.
Concrètement, cette production de mémoire, cette pratique d’archives – qui se préoccupe d’identifier, nommer et structurer les catégories, en tant qu’activité matérielle et sémio-politique – passe en premier lieu par l’élaboration d’un index, c’est-à-dire une structure qui organise le savoir et les contenus en les catégorisant de manière ordonnée.
Mais ces pratiques d’index génèrent ce que je propose de nommer « un paradoxe de Wittgenstein » : elles doivent en permanence relier des nomenclatures et des ontologies reposant sur un principe d’univocité du langage à des catégories discursives dont la force sociale et politique repose sur la capacité transformatrice du langage, et donc sur son hétérogénéité.
Pour penser ce paradoxe, je propose, dans cette communication, de réfléchir au possible transfert de la notion – issue de la sociologie des sciences – de structures informationnelles vers les sciences du langage, notion qui me semble offrir des possibilités d’analyse fructueuses. Ce cadre part de l’idée qu’une flexibilité interprétative permet la cohabitation de mondes sociaux dont les perspectives divergent, et qu’elle forme des structures et des arrangements à la fois matériels et procéduraux. Il permet à ce titre de penser ensemble le convergent et le divergent (et donc le désaccord), le matériel et le procédural (et donc la matérialité du langage dans les deux sens du termes), et la flexibilité interprétative. On peut alors se demander si l’on peut caractériser discursivement des catégories qui sont structurantes parce que flexibles interprétativement.
La communication sera aussi l’occasion de réfléchir aux enjeux méthodologiques et épistémologiques d’un travail sur les pratiques d’élaboration du savoir, qui ne hiérarchise pas entre savoirs experts et non-experts, pour plutôt se concentrer sur les effets sociaux et politiques que ces savoirs produisent.