Rechercher des actualités :



Chargement ...
r2649_4_affiche_seminaire_exils_500px.jpg
Séminaire Exils
organisé par Miguel Digon, Anne-Sophie Morel, Anna Rojas, Pierre-Laurent Savouret et Sarah Voke.

« Exilés », « réfugiés », « migrants »
Une enquête sur les mots et les catégories de la migration sous contrainte (France, xixe- xxie siècles)

Avec Delphine DIAZ, Maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l'Université de Reims.

Jeudi 14 mars 2024
14h – 16h
Campus de Jacob, salle 10003
ou par Zoom : https://zoom.us/j/91005194144?pwd=S0hTck9yODl0VWFseWw5UmZxZ0d0Zz09

Entrée libre


Présentation

Comment s’est élaboré le vocabulaire de la migration contrainte dans la France contemporaine ? Cette communication se propose d’enquêter sur les mots et les catégories apparus du XIXe siècle à nos jours, modelant encore aujourd’hui notre regard sur celles et ceux qui sont contraints au déplacement. Dès la première moitié du XIXe siècle, « l’exil », entendu comme un séjour forcé à l’étranger, est devenu un élément incontournable du répertoire répressif dans l’Europe des Restaurations. Dans le même temps, les fuites individuelles et les exodes collectifs ont suscité l’apparition d’un vocabulaire profus ainsi que l’émergence de représentations contrastées autour de la figure du proscrit, tantôt vu comme un héros, tantôt décrié comme un aventurier ou un intrigant. Ces déplacements sous contrainte ont aussi contribué à l’apparition de nouvelles terminologies et catégories administratives, utilisées pour distinguer entre eux les étrangers : parmi ces derniers, les « réfugiés » faisaient l’objet de toutes les attentions. S’ils bénéficiaient dans la France du XIXe siècle de secours financiers et d’un statut administratif à part, ils étaient dans le même temps soumis à d’intenses logiques de contrôle. Il a néanmoins fallu attendre le XXe siècle, avec le droit international produit par la Société des Nations puis surtout la convention de Genève de 1951, pour que le « réfugié » devienne une catégorie du droit international, dont l’émergence a contribué à tracer une ligne de plus en plus imperméable entre les aspirants à ce statut – « requérants », « demandeurs d’asile »… – et ceux qui en bénéficiaient. Plus récemment, l’usage du mot « migrants », dont l’apparition en français remonte aux années 1960, a conduit dans la France du début du XXIe siècle à jeter le soupçon sur la légitimité des migrations vers l’Union européenne. En définitive, que nous disent les usages de ces catégories dans la France contemporaine ? Comment certains mots pourtant anciens, comme « l’exilé », se trouvent aujourd’hui réactivés par les associations qui cherchent à redonner une forme de dignité aux « migrants » ? Telles sont les questions qui guideront ce cheminement à la fois sémantique et historique.

Photographie

Honoré Daumier
Fugitifs
1848
relief en plâtre. Le support du relief est cassé et lacunaire
H. 54,5 ; L. 93,5 ; P. 16,5 cm.
Don famille Geoffroy-Dechaume, 1982
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski