Emilie COTTET-DUMOULIN

Sujet de thèse :

Franchir pour unir, équiper pour rattacher : les premiers chemins de fer en Savoie : intentions, usages, représentations (années 1830-1880)

 

Les angles d’approche abordés dans cette thèse sont nombreux, mais il s’agit avant tout d’une histoire politique. Le réseau ferré savoyard est intimement lié au politique à différentes échelles.

Le chemin de fer est d’abord conçu comme un facteur d’unité à l’échelle de l’Italie toute entière, mais aussi à l’échelle même du royaume piémontais, car il doit rapprocher les populations des deux côtés des Alpes. La Savoie est une région excentrée, détachée du reste du royaume, d’où le projet du tunnel ferroviaire du Mont-Cenis.

Ce réseau ferroviaire savoyard est à la fois un enjeu et un instrument de la politique européenne au XIXe siècle. C’est notamment une arme stratégique contre l’Autriche, obstacle sur la voie de l’unité italienne.

Ensuite, ce réseau ferré sert aussi les intérêts commerciaux. Il doit permettre de développer Turin et le port de Gênes et du même coup de concurrencer Trieste (Autriche) et Marseille. Le choix des liaisons ferroviaires transfrontalières est alors un enjeu capital pour le royaume de Piémont-Sardaigne, puis pour la France.

Cette étude s’intéresse également au rôle de l’Etat, sarde puis français, et des compagnies privées dans la fondation et l’exploitation du chemin de fer. Ce dernier fait intervenir des investisseurs, des constructeurs, des ingénieurs de différentes nationalités. La construction d’une « Europe ferroviaire » dont la Savoie ferait partie se pose dès lors.

Ce chemin de fer est donc une histoire politique, stratégique, diplomatique et économique à différentes échelles, nationale, internationale, mais aussi locale. La Savoie du Nord est délaissée au profit de la Savoie du Sud. La volonté de la part de l’Etat (sarde puis français) de faire du réseau savoyard un axe stratégique au niveau européen a pour conséquence de renforcer le caractère périphérique de certains espaces locaux.

A côté de cela, des problématiques plus techniques sont envisagées. Les difficultés matérielles (pentes, terrains accidentés), les risques liés au chemin de fer, lors de sa construction, mais aussi lors de son exploitation (accidents ferroviaires, éboulements, avalanches...) seront abordées, tout comme les ouvrages d’art (Pont de Culoz par exemple) ou encore le tunnel du Mont-Cenis (percement, système Fell) qui occupera une place importante dans l’analyse.

Cette étude permet en fait d’aborder un pan entier de l’histoire ferroviaire resté jusqu’à ce jour inexploité et de croiser les différentes échelles en Europe.

Directeur de thèse: Denis VARASCHIN

Mots clés de recherche :

chemin de fer, capitalisme européen, relations internationales, liaisons transfrontalières, axe stratégique, technicité, Annexion, espace périphérique, intégration, commerce européen.

 

Communications :

- Colloque : « Transports et industrialisation : le pays de Faverges (années 1830-1930) », Le pays de Faverges une terre industrielle XIXe et XXe siècles, Faverges, 14 et 15 octobre 2011.

 

- Colloque international : « When the railway must turn a periphery backbone of European transit : the case of Savoy (1850-1880) », The Great Longing for Railways, Lviv, Ukraine, 3-5 november 2001.

 

Date de soutenance : décembre 2013