Carole MABBOUX

Docteure

ATER en Histoire médiévale, Université Lyon 3 Jean Moulin
Agrégée d'Histoire

carolemabboux(at)yahoo.fr

 
Sujet de thèse
Cicéron et la Commune: présence(s) d’une autorité rhétorique et politique dans la culture citadine italienne (XIIIe-XIVe siècles)

► Thèse soutenue le 06-12-2016

Les travaux de Cicéron ont connu une transmission partielle mais persistante au cours du Bas Moyen Âge. Le De inventione et la Rhetorica ad Herennium – qui lui est alors attribuée – figurent parmi les principaux supports d’enseignement de la rhétorique au sein des écoles et des universités médiévales. Élevé au rang de magister eloquentiae parmi un canon scolastique peu à peu enrichi, Tullius illustre tant la formation au trivium que celle, plus pragmatique, au dictamen. Pourtant, le corpus de manuscrits cicéroniens qui nous est parvenu, majoritairement à vocation didactique, témoigne d’usages bien plus divers du philosophe. Dès le XIIe siècle, ses travaux moraux, tels le De amicitia ou le De officiis, semblent en effet connaître une importance et des interprétations nouvelles.
La thèse en cours de préparation a pour but d’interroger les lectures et les usages du personnage et des écrits cicéroniens au sein de l’Italie communale, en tant qu’espace marqué par une culture civique comme par des institutions et des productions intellectuelles spécifiques. Cicéron a, en effet, acquis au sein du monde citadin une dimension politique inédite et ce, tout particulièrement à partir des années 1180. Le recours à la référence cicéronienne coïncide, en effet, avec un mouvement communal plaçant le discours au cœur du fonctionnement citadin afin de convaincre pour rassembler mais aussi discipliner le corps social. L’auctoritas de l’auteur et la figure historique du sénateur dévoué à la collectivité se mêlent ainsi pour répondre à des besoins pratiques et idéologiques sociétaux. Notre recherche mêle dictamina, libri de regimine, volgarizzamenti mais également poèmes historiques et traités moraux pour montrer à quelles conditions l’orateur romain a été présenté en promoteur de la vita activa et rénovateur de l’éloquence civique au sein des cités. Le portrait donné de Cicéron par les intellectuels communaux n’a, en effet, rien d’unanime : l’idéal d’un homo novus garant du bien commun connaît, par exemple, une interprétation partisane dans un contexte de mutations socio-économiques confrontant les aspirations du popolo aux prérogatives d’une militia toujours influente.
À la croisée de l’histoire culturelle et de l’histoire politique, ce projet de recherche entend, à travers la figure cicéronienne, interroger la spécificité de l’expérience civique communale et de ses expressions textuelles. La thèse questionne, dans le même temps, les modes de légitimation des élites citadines et les ambitions conservatrices dont pourrait témoigner la référence au modèle du citoyen antique. Parallèlement, elle s’interroge sur le degré de conciliation permis entre les thèses cicéroniennes, une moralisation chrétienne de la parole et une redécouverte des œuvres d’Aristote en contexte communal au cours de la seconde moitié du XIIIe siècle. L’étude se clôt aux prémisses de l’humanisme qui, grâce à la redécouverte de la correspondance cicéronienne, confronte pour la première fois l’individu aux portraits politiques qui en ont été faits et constitue une profonde désillusion pour ses admirateurs. Citoyen exemplaire de la commune populaire, Cicéron retourne à un statut plus contemplatif d’homme de lettres alors même que l’expérience citadine fait place aux seigneuries.

Directeurs de thèse (cotutelle): Guido CASTELNUOVO (Université d'Avignon) et Enrico ARTIFONIi (Università degli Studi di Torino)

 

Publications
Édition d’actes de colloques


(avec E. Borghino), Connivences. Littératures et SHS entre complicités thématiques et infidélités méthodologiques, Chambéry, Université Savoie Mont Blanc, 2016, 230 p.


Contribution à des ouvrages collectifs

(avec G. Castelnuovo), «I letterati e l’epidemia del 1348», in S. Luzzatto, G. Pedullà (dir.), Atlante della letteratura italiana, vol. I, Dalle origini al Rinascimento, Turin, Einaudi, 2010, p. 221-223.


Articles dans des revues à comité de lecture

« Cicero as a Communal Civic Model (Italian Cities of the 13th and 14th Centuries) », Bulletin of the Institute of Classical Studies Supplements, 135, à paraître.

«Être auteur aux côtés de l’auctoritas: Brunet Latin, Cicéron et la Commune», Bollettino dell’Istituto storico italiano per il Medio Evo, n°115, 2013, p. 287-325.
 

Contribution à des actes de colloques

 

  1. «Bono Giamboni volgarizzatore: entre traduction et réécriture, célébrité de l’oeuvre contre postérité de l’auteur ?», in De l’(id)entité textuelle au cours du Moyen Âge tardif (XIIIe-XVe siècle),  B. Fleith, R. Gay-Canton, A. Mairey et G. Veysseyre, Paris, Classiques Garnier, à paraître.
  2. « Freedom flourished like a fair flower : la culture florentine revisitée par un faussaire de l’Angleterre romantique », L’Honnête homme, l’or blanc et le Duc d’Albe. Mélanges en l’honneur d’Alain Becchia, éd. A. Nijenhuis-Bescher, É.-A. Pépy, J.-Y. Champeley, Chambéry, Éditions de l’Université de Savoie, à paraître.
  3. « Conserver et transmettre un idéal politique par le récit urbain : l’exemple de la paix au sein des communes italiennes (XIIe-XIVe siècles) », in Patrimoines urbains en récits, éd. M.- Bl. Fourcade et M.-N. Aubertin, Québec, Presses universitaires du Québec, 2013, p. 17-38.
  4. (avec Guido Castelnuovo), « I letterati e l’epidemia del 1348 », in Atlante della letteratura italiana, vol. I, Dalle origini al Rinascimento, éd. S. Luzzatto, G. Pedullà, Turin, Einaudi, 2010, p. 221-223.

Vulgarisation

« Être djinn à la place du calife : l’Islam médiéval en bande dessinée. L’exemple du Sourire des marionnettes de Jean Dytar », in Moyen Âge et bande dessinée, éd. T. Martine, Paris, Karthala, à paraître.

Colloques et journées d’étude

«Cicero as a Communal Civic Model (Italian Cities of the 13th and 14th Centuries)», Colloque The Afterlife of Cicero, Warburg Institute-University College London, Londres (Grande-Bretagne), 7 mai 2015.
«Cicéron et le discours des gens de justice italiens (XIIIe-XIVe siècles)», Journée Gens de justice, exercice et mise en scène du pouvoir (Moyen Âge tardif – époque moderne), Université Panthéon-Sorbonne/Université Panthéon-Assas, Paris, 22 mai 2014.
«Référence cicéronienne et dictamen», Atelier L’écriture latine en réseaux (1): les conditions socio-stylistiques d’expansion de l’ars dictaminis (XIIe-XIVe s.), École française de Rome-ISIME, Rome (Italie), 15 mars 2013.
 

Organisation d’événements scientifiques

Journées d’étude

«Assurer sa présence de part et d’autre de la frontière», Journées d’étude doctorales du Laboratoire LLS, Chambéry, 15-16 avril 2014.
«Connivences», Journées d’étude doctorales du Laboratoire LLS, Chambéry, 10-11 avril 2013.

Séminaire

«Ars Rhetorica. Nature, formes et fonctions de la rhétorique dans le Moyen Âge latin», séminaire d’histoire médiévale de l’Université de Savoie, Chambéry, 31 mars 2014.